L’inaction climatique nuit gravement à la santé

Un bateau sur le lit asséché du fleuve Brahmapoutre à Guwahati, en Inde, le 11 novembre 2023.

Un bateau sur le lit asséché du fleuve Brahmapoutre à Guwahati, en Inde, le 11 novembre 2023.  ANUWAR HAZARIKA / NURPHOTO VIA AFP

Décryptage  Le monde pourrait connaître près de 5 fois plus de décès liés à la chaleur d’ici 2050, avancent, entre autres, les auteurs du rapport « Lancet Countdown », qui mesure les effets du changement climatique sur la santé.

Vagues de chaleur, épidémies, affaiblissement des systèmes de soins… Les conséquences directes et indirectes du changement climatique sur la santé s’envolent et menacent la survie de milliards de personnes dans le monde. C’est ce que relève la huitième édition d’un rapport publié par la revue médicale « The Lancet », fruit du travail de 114 scientifiques et professionnels de la santé de 52 institutions de recherche et agences de l’ONU, dont l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Alors que le monde se dirige vers un réchauffement de +2,7 °C d’ici 2100, les projections sont alarmantes : ces risques pourraient « considérablement s’aggraver en cas de maintien du système actuel d’inaction climatique ». Les mesures prises, en dépit des multiples avertissements des communautés scientifiques, restent « nettement insuffisantes ». La publication de ce rapport intervient deux semaines avant l’ouverture de la COP28, à Dubaï, qui consacre pour la première fois une journée entière aux enjeux de santé, le 3 décembre.

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Sur tous les continents, des records de chaleur ont été battus en 2023, année qui s’annonce comme la plus chaude jamais enregistrée. Le changement climatique expose les personnes les plus vulnérables à davantage de jours de canicule (deux fois plus entre 1986 et 2005). Chez les personnes de plus de 65 ans, les décès liés aux fortes températures ont augmenté de 85 % entre 2013 et 2022 par rapport à la période 1991-2000. L’inaction climatique a un coût humain : d’ici 2050, le monde pourrait connaître 4,7 fois plus de décès liés à la chaleur, avancent les auteurs du rapport.

Autres conséquences directes du changement climatique : davantage de populations sont exposées à des maladies infectieuses (dengue, paludisme, vibriose, virus du Nil occidental…). Les vagues de chaleur qui s’intensifient, ainsi que la sécheresse, font aussi basculer des millions de personnes supplémentaires dans l’insécurité alimentaire en mettant à mal les systèmes agricoles et de production alimentaire. Le changement climatique porte aussi atteinte à la sécurité d’approvisionnement en eau potable et aux systèmes d’assainissement, dont les populations dépendent. La pression sur les services de santé s’accroît. 27 % des villes interrogées par les auteurs du rapport se disent inquiètes que leurs services soient submergés.

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Parmi les autres indicateurs étudiés, les auteurs mettent en évidence les pertes économiques engendrées par les phénomènes météo exceptionnels, qui ont augmenté de 23 % entre les périodes 2010-2014 et 2018-2022. Autre chiffre frappant : en 2022, l’exposition à la chaleur a provoqué dans le monde la perte de 490 milliards d’heures de travail potentielles (en augmentation de près de 42 % par rapport à la période 1991-2000). Les pays les plus pauvres sont les plus touchés par les pertes de revenus qui en découlent.

Bénéfices de l’action climatique sur la santé

Passé le constat, les auteurs soulignent qu’accélérer la transition des énergies fossiles pour atteindre l’objectif de 1,5 °C de l’accord de Paris pourrait permettre d’améliorer la santé des populations. « Un avenir prospère et sain est encore possible. »

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Ainsi, améliorer la qualité de l’air, en adoptant des modes de transport électriques, publics et accessibles préviendrait une grande partie des 460 000 décès annuels provoqués par les émissions de particules en suspension liées au transport. Signe encourageant, la mortalité due à la pollution de l’air a diminué de 17 % depuis 2005, en grande partie (80 %) grâce aux efforts de réduction de la consommation de charbon.

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Favoriser une alimentation plus saine et écologique, en diminuant notamment les apports carnés, permettrait de réduire de 57 % les émissions de l’agriculture liées à la production de produits laitiers et de viande rouge. Aujourd’hui, 12 millions de décès par an sont liés à de mauvais régimes alimentaires. L’action climatique pourrait (aussi) être bonne pour la santé.

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