Gaza : sit-in et grève de la faim à Sciences-Po Paris, blocage à l’ESJ Lille… Le point sur la mobilisation étudiante

Des étudiants bloquent l’entrée de l’Ecole supérieure de Journalisme à Lille, le 2 mai 2024.

Des étudiants bloquent l’entrée de l’Ecole supérieure de Journalisme à Lille, le 2 mai 2024.  SAMEER AL-DOUMY / AFP

Un site universitaire à Saint-Etienne a été brièvement bloqué, tandis qu’à Lille, la direction de Sciences-Po a décidé de fermer l’établissement pour la matinée face à une « tentative de blocage » par des étudiants…. Les actions sur les campus français se sont poursuivies jeudi, avec un gouvernement qui redouble de vigilance.

La mobilisation étudiante réclamant un cessez-le-feu à Gaza se poursuit dans plusieurs villes de France ce jeudi 2 mai. En parallèle d’une large mobilisation sur les campus aux Etats-Unis, les actions se sont multipliées, principalement sur les sites de Sciences-Po en régions. Sciences-Po était fermée à Lille ce jeudi tandis qu’une poignée d’étudiants ont barré l’accès d’un site universitaire de Saint-Etienne. A Sciences-Po Paris, un « sit-in pacifique » a été lancé dans le hall de l’école et une grève de la faim a été entamée par une étudiante « en solidarité avec les victimes palestiniennes ». La ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, a demandé jeudi aux présidents d’universités de veiller au « maintien de l’ordre » public. « Le Nouvel Obs » fait le point.

• A Lille, Sciences-Po fermé, l’Ecole de Journalisme bloquée

L’Institut d’Etudes politiques de Lille est resté fermé ce jeudi matin, la direction ayant décidé de fermer l’établissement, dans un premier temps jusqu’à midi, après une « tentative de blocage » par des étudiants « en partie extérieurs » à Science-Po, a indiqué la direction dans un communiqué.

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Les étudiants qui s’étaient mobilisés dès l’aube pour ce blocage se sont ensuite rendus à l’ESJ voisine, dont ils ont bloqué les accès, aux cris de « Enfants de Gaza, enfants de Palestine, c’est l’humanité qu’on assassine ».

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« Plus de déontologie sur nos plateaux », « Plus de 100 journalistes morts à Gaza », pouvait-on lire sur des pancartes affichées devant l’établissement, alors qu’une petite cinquantaine de manifestants se tenaient devant les portes verrouillées par des lourdes chaînes. « Il n’y a pas d’intrusion à l’intérieur de l’école, pas de casse à l’extérieur », a indiqué à l’AFP le directeur de l’ESJ, Pierre Savary, soulignant que ce type d’action est « très rare à l’ESJ ».

Les cours sont annulés pour l’ensemble de la journée.

Parmi les demandes des étudiants, l’annulation d’un master commun de Sciences-Po Lille avec l’université de Tel-Aviv. « Notre conseil d’administration s’est clairement prononcé contre le boycott des universités israéliennes », a indiqué la direction de Science-Po, tout en estimant « légitime que notre communauté puisse exprimer sa solidarité avec les populations victimes de la guerre ».

Une réunion est prévue vendredi pour réfléchir « aux actions à porter au sein de l’école et en lien avec nos partenaires ».

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• Un site universitaire bloqué à Saint-Etienne

Une poignée d’étudiants réclamant un cessez-le-feu à Gaza ont également bloqué jeudi les accès à un site universitaire de Saint-Etienne avant une intervention des forces de l’ordre. Comme lundi matin, une quinzaine d’étudiants ont empilé des poubelles devant les entrées du bâtiment de l’Université Jean-Monnet qui abrite le département des études politiques et territoriales, l’antenne de l’IEP de Lyon, et la Saint-Etienne School of Economics.

Leur évacuation par la police est intervenue vers 11 heures sans heurts, a précisé à l’AFP la présidence de l’université Jean-Monnet, qui en avait fait la demande.

La police était aussi intervenue mardi pour les déloger et une délégation avait été reçue dans la foulée par le président de l’université, Florent Pigeon, à qui elle avait réclamé de pouvoir organiser une conférence sur la Palestine. Lors de cette rencontre, « nous n’avons pas réussi à trouver un accord », a déclaré à l’AFP un de leurs représentants pour expliquer la reprise du blocage au lendemain du 1er-Mai.

• « Sit-in pacifique » à Sciences-Po Paris

C’était une demande des étudiants bloqueurs lors de leurs échanges avec la direction de Sciences-Po Paris. Un « town hall », terme utilisé aux Etats-Unis pour qualifier une grande réunion publique, s’est tenu ce jeudi à l’institut de sciences politique parisien. « Toutes les questions pourront être posées », avait assuré la direction.

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Ce débat, qui a duré environ deux heures, était réservé exclusivement aux étudiants et aux salariés, sans accès pour les médias. Il avait été annoncé vendredi par la direction, à l’issue de plusieurs heures de discussions avec les étudiants mobilisés pour la cause palestinienne et plusieurs jours de tensions dans et hors de Sciences-Po Paris.

« Ça a été un débat dur, avec des prises de position assez claires, beaucoup d’émotion. J’aspire maintenant à ce que chacun retrouve le calme […] et qu’on veille les uns sur les autres », a déclaré Jean Bassères lors d’un point de presse à l’issue de ce débat de deux heures, annoncé en fin de semaine dernière.

Après ce débat interne qu’ils ont jugé « décevant, mais sans surprise », les étudiants du comité Palestine de Sciences Po ont annoncé le lancement d’un « sit-in pacifique » dans le hall de l’école et le début d’une grève de la faim par une étudiante à 14 heures, « en solidarité avec les victimes palestiniennes ». « D’autres étudiants vont la rejoindre au cours de la journée », et ils continueront jusqu’à « la tenue d’un vote officiel non anonyme au conseil de l’Institut pour l’investigation des partenariats avec les universités israéliennes », a déclaré Hicham, membre du comité Palestine, à l’issue de cette réunion.

· 300 étudiants réunis devant la Sorbonne

Non loin de Sciences Po, devant la Sorbonne, où la police était déjà intervenue lundi pour évacuer des manifestants, près de 300 étudiants venus de différents campus parisiens se sont réunis jeudi après-midi et ont organisé un campement d’une vingtaine de tentes. « Nous sommes tous des enfants de Gaza », « Palestine vivra, Palestine vaincra ! », ont scandé les manifestants, avant d’être délogés une heure plus tard par plus d’une centaine de membres des forces de l’ordre, selon une journaliste de l’AFP.

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• Retailleau demande aux présidents d’universités de veiller au « maintien de l’ordre »

La ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a de son côté demandé jeudi aux présidents d’université de veiller au « maintien de l’ordre » public face à ces mobilisations qui se multiplient. « Je vous demande d’utiliser l’étendue la plus complète des pouvoirs que vous confère le Code de l’Education », notamment en termes de sanctions disciplinaires en cas de troubles ou de recours aux forces de l’ordre, a-t-elle dit lors d’une intervention à distance auprès des présidents d’universités.

« Une petite minorité d’étudiants ne peut pas bloquer une majorité d’étudiants et faire régner un climat de peur, voire de violence, par des propos et des gestes inacceptables », leur a-t-elle encore lancé. « Les présidentes et les présidents sont responsables du maintien de l’ordre dans l’enceinte universitaire. Et la police ne peut y entrer que sur réquisition de l’autorité universitaire », a-t-elle rappelé aux responsables des campus français.

« Le débat et la liberté d’expression, oui. […] Mais cela n’autorise pas tout, et les blocages et les intimidations, c’est non », leur a-t-elle aussi dit en leur demandant de « garantir la possibilité d’expression de la pluralité des opinions des étudiants ».

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Face aux demandes de remise en questions de partenariats avec des universités et organisations soutenant Israël, la ministre a par ailleurs affirmé qu’il est « hors de question que les universités prennent une position institutionnelle en faveur de telle ou telle revendication dans le conflit en cours au Proche-Orient ».

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